A ce jour, la plus jeune victime décédée des suites d’une infection par le virus chinois avait 36 ans, et les moins de 15 ans paraissent peu touchés.

C’est un mystère que les scientifiques n’ont pas encore élucidé : les enfants paraissent très peu touchés par les coronavirus. A l’époque du SRAS, déjà, quasiment aucun jeune de moins de 15 ans n’avait été infecté, ou s’ils l’avaient été, ils n’avaient pas développé de forme grave de la maladie. Il en est de même avec l’épidémie de Mers, un virus de la même famille, qui fait régulièrement des victimes depuis 2012 dans la péninsule arabique. A présent, les dernières données disponibles à propos des personnes touchées par le virus apparu en Chine semblent indiquer une tendance similaire. Hormis quelques rares cas – un bébé infecté à la naissance par sa mère, notamment, ainsi qu’un jeune garçon qui ne présentait aucun symptôme, et un autre en Australie – l’immense majorité des personnes concernées sont des adultes. Et parmi les malades décédés à ce jour, le plus jeune avait 36 ans.

Si aucune étude n’a encore été menée pour comprendre pourquoi les enfants sont ainsi épargnés, les scientifiques évoquent plusieurs hypothèses. « La plupart des victimes sont âgées, et également fragilisées par des problèmes de santé que les enfants n’ont pas, comme le diabète ou l’hypertension, par exemple. C’est peut-être une première explication », indique Jean-Claude Manuguerra, de l’Institut Pasteur.

Il semble aussi qu’une réaction excessive du système immunitaire soit impliquée dans les cas où le pronostic vital est en jeu. « Or les enfants ont encore un système immunitaire immature, qui va donc peut-être moins réagir », précise ce chercheur. Un phénomène similaire existe d’ailleurs avec la grippe. Si les enfants peuvent l’attraper, ils comptent en revanche assez rarement parmi les nombreuses victimes que fait cette maladie chaque année.

Naturellement plus résistants ?

Si les plus jeunes présentent des symptômes plus faibles, ou s’ils sont asymptomatiques, il y a aussi de fortes chances que leurs parents ne les conduisent pas à l’hôpital. Même s’ils sont infectés, ils peuvent donc passer sous les radars des épidémiologistes. D’autres explications ont été avancées par des chercheurs américains, cités par Time magazine. Les enfants, du fait de la vie en collectivité, seraient davantage exposés que les adultes aux autres coronavirus bénins, qui causent une partie des rhumes hivernaux. Ils développeraient donc une forme de protection face à ces virus, qui pourrait être utile contre les souches plus dangereuses. Mais une protection temporaire, qui diminuerait ensuite au fil du temps. A moins qu’ils n’aient une particularité biologique qui rend leurs cellules naturellement plus résistantes à cette infection.

Toutes les pistes restent à ce stade ouvertes. « Mais c’est une nouvelle rassurante, qu’il faut absolument partager avec le plus grand nombre », insistait récemment le Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur de l’Institut thématique Immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie de l’Inserm, lors d’un point presse à Paris. Il n’en demeure pas moins que les chercheurs font preuve de prudence, la situation en Chine étant très évolutive. Les mêmes règles d’hygiène restent donc en vigueur, comme notamment le lavage de mains, pour éviter les transmissions. En particulier tant que la question de savoir si les patients asymptomatiques transmettent ou non le virus n’est pas tranchée.

Source : https://www.lexpress.fr/actualite/pourquoi-les-coronavirus-epargnent-les-enfants_2117482.html