Résumé


Contexte : En renouvelant la politique du système de santé de district en 2013, les Etats africains ont réaffirmé leur engagement pour les soins de santé primaires, en vue d’atteindre la couverture sanitaire universelle et les objectifs de développement durables de santé. Cette politique adoptée par l’Organisation Mondiale de la Santé à Harare (1987), consiste à subdiviser le pays en unités opérationnelles appelées districts sanitaires. Un district sanitaire correspond à un espace géographique couvrant une certaine population, une offre des soins organisée au premier échelon en centres de santé et au deuxième en hôpital, et une équipe-cadre pour la gestion et le leadership. Alors que l’urbanisation progresse, la mauvaise organisation et d’inacceptables inégalités des soins de santé persistent en villes, en République Démocratique du Congo. Cette étude visait ainsi à analyser l’effectivité de la mise en oeuvre de ladite politique dans les districts sanitaires de la ville Lubumbashi en 2017.

Méthode : Nous avons mené une étude de cas descriptive, transversale, combinant les approches quantitative et qualitative, dans les neuf districts sanitaires de Lubumbashi. Nous avons utilisé le cadre d’analyse des politiques publiques de Mény et Thoenig (1989), en l’adaptant à la politique du système de santé de district, pour évaluer l’effectivité de la mise en oeuvre de cette politique à travers cinq éléments (piliers) caractéristiques de présence d’une politique publique: la base conceptuelle et formelle, la coalition des acteurs, l’agenda partagé entre les acteurs, l’observance des normes, et l’autorité et contrainte des équipes-cadres pour la mise en oeuvre de ladite politique. Les données quantitatives, obtenues par un questionnaire administré à 85 membres des équipes-cadres et une fiche de collecte des données documentaires et d’observation des neuf districts sanitaires, ont été traitées en huit indicateurs par pilier (40 indicateurs au total) et permis de calculer le pourcentage d’effectivité de mise en oeuvre de chaque pilier dans lesdits districts. La médiane des pourcentages obtenus par les districts à un pilier a constitué l’indice synthétique d’effectivité de mise en oeuvre dudit pilier dans la ville. Les contenus des données qualitatives des entretiens avec 18 « informateurs-clés » des neuf équipes-cadres (deux par équipes-cadres) ont été analysés par thématiques relatives aux piliers étudiés.

Résultats : Les médianes d’effectivité de la mise en oeuvre des cinq piliers de la politique étudiée étaient comprises entre 20% et 40%, signifiant une effectivité faible de mise en oeuvre de la politique publique du système de santé de district, dans la ville de Lubumbashi. Les données qualitatives ont montré que cette situation est liée à la quasi-inexistence d’éléments d’identification de ladite politique sur le terrain.

Conclusion : L’effectivité de la mise en oeuvre de la politique du système de santé de district est peu optimale dans la ville de Lubumbashi en République Démocratique du Congo. Le gouvernement congolais devrait renforcer l’effectivité des piliers de cette politique pour améliorer son opérationnalisation sur le terrain. Mots-clés: Science de la mise en oeuvre, politique publique de santé, système de santé de district, Ville de Lubumbashi, République Démocratique du Congo.

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