Les aliments ainsi que l’eau consommés dans les « malewa » du marché central de Kinshasa constituent un risque pour la santé des consommateurs. Ils comportent pour la plupart des germes impliqués dans la survenue des épidémies de maladies d’origine alimentaire et hydrique. Deux échantillons sur 10 montraient la signature d’une contamination d’origine fécale. Les germes en présence montraient à l’antibiogramme déjà une résistance aux antibiotiques usuels.
Il est dès lors indispensable de mettre en place des mesures telles que la formation et la sensibilisation des vendeuses afin d’améliorer la qualité microbiologique de ces aliments de rue. Telle est la conclusion d’une étude réalisée par un chercheur de l’Ecole de Santé Publique de l’Université de Kinshasa dans les restaurants de fortune communément appelés « Malewa ».
La vente et la consommation des aliments de rue communément appelée Malewa constituent un phénomène en pleine croissance dans la ville de Kinshasa en général et au marché central de Kinshasa en particulier. Cependant, ces aliments sont vendus dans les conditions d’hygiène défectueuses : exposition à l’air libre au contact des mouches et de la poussière, conservation des aliments cuits à la température ambiante pendant des longues heures, Ce qui favorise leur contamination, exposant ainsi les consommateurs aux risques des maladies d’origine alimentaire et hydrique.
Vu la proportion de la population qui recourt à ces aliments, il s’est avéré indispensable de mener la présente étude afin de contribuer à la réduction de l’incidence des maladies d’origine alimentaire et hydrique dans la ville de Kinshasa.
L’étude a visé à déterminer le profil microbiologique des aliments et de l’eau consommés dans les « malewa » du marché central de Kinshasa. Il a concerné 50 « malewa » sélectionnés par tirage aléatoire systématique au marché central de Kinshasa. Les analyses microbiologiques ont été réalisées sur 120 échantillons de 10 types d’aliments et 30 échantillons d’eau de boisson.
Ces analyses ont consisté au dénombrement, à l’isolement à l’identification des germes et à la détermination de leur sensibilité aux antibiotiques.
Comme résultats, l’étude a montré que 7 échantillons d’aliments sur 10 (70,00 % ) et 7 échantillons d’eau sur 10 (73,33 %) étaient de qualité microbiologique inacceptable. Ils présentaient respectivement une charge bactérienne d’au moins 10 ufc par gramme d’aliment et un indice MPN>2,2 bactéries pour 100 ml d’eau. Plusieurs germes pathogènes tels que Staphylocoque aureus, Salmonella paratyphi A, Shigella boyidii ont été identifiés dans ces échantillons. Deux échantillons sur 10 d’eau (18,18%) ou d’aliments (24,17%) en outre montraient la présence de E. coli respectivement.
La proportion des souches résistant aux antibiotiques variait de 24,16 % pour l’amikacine à 100 % pour l’amoxycilline. Plus de la moitié des souches identifiées étaient résistantes au cotrimoxazole, un des médicaments recommandés dans la prise en charge des maladies diarrhéiques dans les centres de santé de la RDC.