I. INTRODUCTION

               Depuis l’année 2015, les apprenants de deuxième année en Epidémiologie nutritionnelle de l’Ecole de Santé Publique de Kinshasa (ESPK) se rendent à Popokabaka, site choisi par le Projet Grownut pour la partie pratique de leur formation et collecte des données de leur mémoire. Le projet tendant déjà à sa fin et soucieux de respecter les règles éthiques,  l’ESPK a organisé en date du 11 et 12 février 2019 dans la salle …..une conférence de restitution des résultats des études réalisées à Popokabaka.                  

La Conférence de Popokabaka a poursuivi quatre objectifs, à savoir :

1. Présenter les résultats de recherches conduites les trois dernières années à Popokabaka par les apprenants du Programme Nutrition de l’Ecole de Santé Publique de Kinshasa ;
2. Montrer le caractère multisectoriel de la lutte contre les malnutritions par l’implication de différents acteurs en nutrition ;
3. Amener les autres Plateformes SUN à concevoir des interventions en faveur de la population du territoire de Popokabaka ;
4. Susciter de l’intérêt à soutenir la recherche, y compris l’innovation, en nutrition et agriculture.

Signalons que plusieurs organisations ont rehaussé de leur présence la conférence, entre autre l’ESPK, le PAM, l’ENABEL, la JICA et tant d’autres œuvrant localement nous citons la Proyaka, Adik, Caritas, Memisa, sans oublier les autorités politico-administratives et sanitaires. La délégation norvégienne a été représentée à ces assises par le Professeur Anne Hatloy.

Les organisations venant de Kinshasa avaient quitté Kinshasa le dimanche 10 février 2019 à 7h30 pour arriver à Popokabaka le même jour à 22h10.

 

II. DEROULEMENT DE LA CONFERENCE

II.1. Première journée

Nous avons débuté la conférence le lundi 11 février à 8h30 avec comme  programme :

• Enregistrement des participants
• Allocution de bienvenue et accueil des invités par le MCZ
• Introduction et présentation du projet par le prof Mapatano
• Allocution du Directeur de l’ESPK
• Allocution du responsable du projet Grownut, le prof Anne Hatloy
• Allocution du PRONANUT
• Allocution de l’évêque du diocèse de Popokabaka
• Discours d’ouverture par l’administrateur du territoire ici représenté par son intérimaire.

1. Les invités ont été enregistrés et un badge a été remis à chacun d’eux avec une farde contenant le programme de deux jours de conférence, le terme de référence de la conférence, le carnet et stylo.
2. Le médecin chef de Zone de Popokabaka a présenté le contexte nutritionnel de Popokabaka après avoir dit le mot de bienvenue à tous les représentants. Il a en outre salué le choix qui avait été fait par l’ESPK sur Popokabaka comme site de recherche du projet Grownut et a formulé les vœux de voir les résultats issus de ces études améliorer la situation nutritionnelle dans la Zone de Santé de Popokabaka.

• Le chef de département de Nutrition, le prof Mapatano a expliqué le pourquoi de cette conférence sur la nutrition et l’alimentation, le rôle de l’ESPK et le choix de Popokabaka justifié par la médiation de l’évêque qui, a joué un grand rôle et a facilité les closes. Cela n’a pas été le cas pour le premier site sollicité qui était Buamanda. Il a ensuite présenter le programme de la conférence.

• Le Directeur de l’ESPK a fait un plaidoyer pour la continuité du projet Grownut et a remercié les autorités politico-administratives et surtout ecclésiastiques.

• Le Prof Anne Haltoy a fait une brève description du projet Grownut parlant ainsi des partenaires impliqués, des objectifs, des résultats et a présenté les défis et attentes.

• Le PRONANUT a salué l’initiative de l’ESP et a  tenu à rappeler la place du PRONANUT dans la mise en œuvre du projet Grownut et a  formulé les vœux de voir les résultats obtenus des enquêtes constituer un document de plaidoyer auprès des décideurs.

• L’Evêque de Popokabaka à adresser ses  remerciements à l’endroit de l’ESPK  pour le choix de Popokabaka comme site de recherche et a salué la franche collaboration entre les acteurs de mise en œuvre durant toute la période du projet (Eglise; APA; ESPK) et a  formulé un plaidoyer de voir le projet Grownut continuer.

• Le représentant de l’administrateur du territoire a  salué l’organisation de cette conférence à Popokabaka et a demandé à la communauté de faire bon usage de ces résultats.

Après cette séquence il y eu une pause-café de 30 minutes.

La Session 1 avait comme modératrice la représentante du PAM, et 2 thèmes étaient abordés.  Le thème 1 axé sur l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant (ANJE) était présenté par le Dr Branly Mbunga et le thème 2 sur l’état nutritionnel  de l’enfant à Popokabaka par le Dr Benito Kazenza.

Le Dr Branly a présenté la situation de Popokabaka sur l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, avec une alimentation de complément non adapté et des barrières de la culture yaka surtout sur l’alimentation de la femme enceinte et a formulé quelques recommandations entre autres renforcer l’education sur l’allaitement maternel optimal et l’alimentation de complément pendant les CPN et les CPS par une communication pour le changement de comportement et l’approche communautaire.

Le Dr Benito présentant l’état nutritionnel de l’enfant à Popokabaka a signalé que le Retard de croissance  était le problème nutritionnel majeur à Popokabaka. Il a formulé les recommandations celles de renforcer/encourager la mise en œuvre des approches de lutte contre la malnutrition, la création des groupes de soutien pour les échanges, la promotion de la CPN et CPON et la consommation des produits locaux.

Après ces 2 présentations, il y a eu projection d’une vidéo de la FAO sur la sécurité alimentaire et nutrition au Congo.

Les questions ont été posées aux intervenants et ont répondu aux préoccupations de l’assemblée.

Une pause repas est intervenue juste après ce jeu de questions-réponses

La Session 2 débuta vers 14h00 avec comme modérateur le représentant de l’ENABEL et 2 thèmes étaient présentés, le thème 3 relatif à la nutrition et anémie à Popokabaka présenté par le Dr Marc Bosonkie et le thème 4 sur les maladies infectieuses et nutrition à Popokabaka par lydia Bahati.

Le Dr Marc a démontré que la prévalence de l’anémie était élevée à Popokabaka notamment 50,6% chez les femmes en âge de procréer, 67% chez les enfants de moins de 5 ans, et 35% chez les adolescentes. Partant du seuil de l’OMS, il a qualifié l’anémie comme un problème de santé publique sévère à Popokabaka. Il est donc important de développer les programmes d’éducation nutritionnelle et la supplémentation en fer pendant la grossesse.

Lydia Bahati a commencé par expliquer la relation entre la nutrition et l’infection  mais a plus insisté sur le counseling nutritionnel chez les PVV et a trouvé que la pauvreté et l’insécurité alimentaire demeurent des barrières au respect des recommandations en matière de nutrition et infection. Elle a formulé les recommandations de renforcer les capacités en counseling nutritionnel et à vulgariser les stratégies du protocole national au personnel de santé et aux PVV.

Après ces 2 présentations, il y eu la projection de la vidéo de l’UNICEF, expliquant comment lutter contre la faim mettant  en exergue le rôle de la femme.

Le jeu de questions et réponses a intervenu juste après et les intervenants ont  répondu aux préoccupations de l’audience et la journée a été clôturée par le Directeur de l’Ecole de Santé Publique par une visite à la rivière Kwango autour de 17h00.

II.2. Deuxième journée

4 thèmes  avaient été abordés au cours de cette deuxième journée, il s’agit du thème 5 l’insécurité alimentaire à Popokabaka par le Dr Danny Badila, le thème 6 Promotion et vulgarisation de le haricot igname d’Afrique(HIA) par le prof Denis  Bungu , le thème 7 Konzo par le Dr Branly et le thème 8 nutrition et environnement à Popokabaka par le Dr Basile Kisulu

• Le Dr Danny a trouvé dans son travail que 97,8% de ménages étaient en insécurité alimentaire à Popokabaka et a proposé la promotion de l’agro foresterie en intégrant les aspects genre pour remédier à ce problème.

• Le prof Denis a présenté son exposé sur la promotion et vulgarisation de haricot igname d’Afrique qui regorge nombreux avantages et peut remplacer la farine de blé et même les frites. Il a insisté sur certains de ces avantages tels chez les femmes allaitantes accélérant ainsi la lactation et même chez les patients diabétiques, insistant aussi sur sa forte teneur en protéine qui dépasse de loin celle contenue dans le manioc qui est consommé abondamment. Ses recherches ont été réalisées à Feshi et a incité la population à s’en approprier.

• Le Dr Branly a présenté le Konzo qui était non connue par la plupart, a insisté sur son origine qui est alimentaire et a même présenté à l’audience un cas de Konzo qui était dans la salle.  Juste après sa présentation il y eu une session vidéo qui parlait encore de cette maladie qu’est le Konzo. Apres cela il y eu le jeu des questions –réponses après lequel la pause-café a intervenu.

• Le Dr Basile a présenté  sur l’eau et la nutrition à Popokabaka, son étude concernait la perception de la population de Popokabaka sur le choix des sources d’eau. Carence en eau de boisson propre, suffisante; à faible distance et coût abordable renforce la malnutrition à Popokabaka. Le mauvais choix de source d’eau de boisson était un réel problème de santé communautaire à Popokabaka. D’où la résolution exige implication multisectorielle: Gouvernement/APA, autorités sanitaires, services de WASH, et la population elle-même à travers RECO et leaders communautaires. Les mauvaises pratiques en rapport avec la salubrité de l’eau étaient vécues au quotidien à Popokabaka et l’eau de boisson n’était pas traitée. Plusieurs questions avaient été posées par les participants et le Dr leur avait répondu.

Les après-midi étaient consacrés aux ateliers parallèles.

Le Dr Branly a fait une brève présentation sur le modèle causal, expliquant ainsi à l’audience comment l’aborder pour tout problème. Le Dr Marc a divisé l’auditoire en 3 groupes et un sujet avait été affecté à chacun de groupe afin de ressortir les causes et solutions aux différents problèmes partant de l’arbre à problème et l’arbre à solution.

Le groupe 1 avait pour sujet l’insécurité alimentaire, le groupe 2 la dénutrition chez les moins de 5 ans et le groupe 3 adolescentes et les 1000 premiers jours.

Chaque groupe avait pour responsable principal un représentant du PRONANUT.

Signalons que la modération pour cette plénière avait été faite par le Directeur de l’ESPK, le Prof MASHINDA.

Les rapporteurs des différents groupes ont présenté les causes de leur sujet à Popokabaka et ont proposé des solutions. Mais le prof MAPATANO a trouvé que les solutions proposées n’étaient pas concrètes et que l’audience devrait profiter de la présence des partenaires qui étaient là. C’est ainsi qu’il a accordé à nouveau  30 minutes de plus à chaque groupe afin d’être concret dans leurs propositions et qu’ils puissent s’adresser directement aux partenaires qui étaient là dans la salle.

Chaque groupe a intégré les remarques formulées par le Prof Mapatano et a proposé ce qui suit :

• Le groupe 1 a adressé les recommandations suivantes :

1. A la coopération japonaise : de redynamiser les coopératives agricoles, l’inspection de l’agriculture et d’appuyer les ménages en intrants agricoles.
2. A l’Enabel : de redynamiser le service de cantonage manuel et d’appuyer les ménages en intrants agricoles.
3. A  l’administration territoriale : de sensibiliser les éleveurs sur les normes de l’élevage à domicile, de mener un plaidoyer pour désenclaver le territoire
4. Au PAM, d’installer des cantines scolaires à Popokabaka
5. Le groupe 2 a adressé les recommandations suivantes :
6. La sollicitation des intrants pour la prise en charge de la malnutrition aigüe au PAM et à l’Unicef.
7. Au PRONANUT de renforcer les capacités des personnels de santé en ANJE
8. L’expérimentation de HIA (haricot igname d’Afrique).

• Le groupe 3 a formulé comme recommandations :
• La construction d’un centre de formation professionnel de la jeune fille mère dans la zone de santé de Popokabaka
• La formation des tous les relais communautaires de la zone de santé de Popokabaka en NAC (nutrition à assise communautaire)
• D’organiser  dans 1 mois qui vient la sensibilisation de tous les leaders d’opinion de la zone de santé sur la malnutrition
• Raccorder toutes les écoles de la cité en eau potable
• Exploiter le haricot igname d’Afrique
• Financer le cantonage manuel des routes de dessertes agricoles.

Après cette séance plénière, le Prof Mashinda accorda la parole au Prof Mapatano qui était satisfait des recommandations de la communauté.

Après ces mots, le Directeur de l’Ecole de Santé donna tour à tour la parole au Prof Mapatano, au Prof Anne, à la représentante de PAM, au représentant de la JICA , au représentant de l’Enabel, au PRONANUT, à l’évêque et au représentant de l’administrateur du territoire

• Le Prof Mapatano a remercié  l’audience et leur a déclaré que la présence du projet ne dépendait pas de l’Ecole de santé publique mais aussi de l’Université de Bergen et Kwazulu natal. Il a rajouté qu’une piste a été aménagée et que désormais on pouvait utiliser la ligne aérienne pour venir à Popokabaka afin d’éviter les difficultés de la route.
• Le Prof Anne a remercié tous ceux qui ont assisté à la conférence et a félicité la population pour les recommandations formulées.

• La Représentante de PAM était très satisfaite de cette conférence et dit avoir beaucoup appris et promet qu’elle transmettra les recommandations de la communauté à son institution.

• Le Représentant de la JICA était très content de cette conférence et très ému de connaitre maintenant Popokabaka.

• Le Représentant de l’Enabel très satisfait de cette conférence a promis de transmettre à son chef hiérarchique les recommandations de la communauté.

• Le PRONANUT satisfait de cette conférence et des discussions en plénière, promet de prendre en considération les recommandations de la communauté sur le renforcement en capacité en ANJE.

• L’évêque de Popokabaka a remercié l’Ecole de Santé Publique, et a expliqué son implication sur la tenue du projet à Popokabaka, il a par ailleurs ému les vœux de voir encore l’Ecole y rester car selon lui, Popokabaka était aussi chez l’Ecole et si l’Ecole ne revenait pas ils viendront de force chercher l’Ecole de Santé. Il a aussi promis qu’il veillerait à l’entretien de cette piste aménagée par le projet Grownut.

• Le Représentant de l’administrateur du territoire a remercié tous les participants à cette conférence et a promis de s’impliquer pour l’aboutissement des recommandations formulées par la communauté et a clôturé l’activité.

Il s’en est suivi une séance photo.

III. Retour à Kinshasa

Toutes les délégations ont quitté Popokabaka le 13 février 2019 à 5h00 et avant minuit de ce jour, toutes les délégations étaient à Kinshasa, malgré quelques aléas rencontrés du fait de mauvais état de route, retardant l’arrivée à Kinshasa de plusieurs heures pour les uns ou les autres.

                                                                                                                                            Fait à Popokabaka, le 12 février 2019

                                                                                                                                           Ass Landry EGBENDE MONGONDI

                                                                                                                                                        Secrétaire rapporteur