Ecole de Santé Publique de Kinshasa

Il est donc impérieux d’introduire le concept des soins palliatifs dans nos populations, dans la formation des soignants et en tenir compte dans la restructuration du système de santé, pour soulager ces douleurs et cette souffrance », c’est la recommandation formulée par une équipe de recherche de l’Ecole de Santé Publique de l’Université de Kinshasa, sous la supervision du Dr Mashinda Désiré, après avoir réalisé une évaluation de la prise en charge des malades souffrant des pathologies chroniques en phase terminale dans une formation médicale du niveau tertiaire de Kinshasa.

Context

En République Démocratique du Congo, la priorité des services de santé se concentre sur les pathologies infectieuses et sur les groupes vulnérables. Il est accordé peu d’attention aux maladies chroniques et non transmissibles notamment, le cancer, dont l’incidence est en hausse. Ces pathologies sont peu connues du public et les personnes qui en souffrent consultent souvent à des stades avancés de la maladie lorsque la douleur physique et la souffrance s’installent. En phase terminale, ces malades ont néanmoins besoin des soins pour améliorer la qualité de leur vie. Or, la spécificité des soins en phase terminale n’est pas clairement reconnue en République Démocratique du Congo et le traitement de la douleur n’est pas codifié.

Objectifs

Explorer le parcours thérapeutique, la conception de la maladie, l’état des relations interpersonnelles et estimer les besoins à cette phase.

Méthodes

Soixante malades adultes en phase terminale aux Cliniques Universitaires de Kinshasa, leurs proches et le personnel de santé ont été interviewés sur base d’un questionnaire standardisé.

Résultat

La quête de soins amène le malade dans un parcours long et ruineux, le poussant à se tourner vers la médecine traditionnelle et la prière. Les malades arrivent à l’hôpital à des stades tardifs sous l’influence de l’entourage et la conception que la maladie ne peut être soignée par la médecine moderne. Ils veulent être informés et délivrés de cette maladie mal connue. Ils veulent exclure les pathologies à stigmate. Les proches veulent être impliqués dans le choix d’allocation des dépenses et du lieu des soins. Ils sont tous déçus par la multitude d’investigations qui n’offrent aucune guérison ni mieux être. Au contraire, ils observent l’aggravation de la souffrance physique suite à des actes médicaux inadaptés et des soins infirmiers inadéquats. La peur de la mort se mêle à la douleur. La détérioration de l’image corporelle altère les relations avec les proches qui manifestent des signes de fatigue et d’épuisement. Les médecins souffrent également, car la vue de ces malades qui meurent dans une souffrance totale, sans soins de confort ni accompagnement leur confère un sentiment d’impuissance.

Conclusion

En République Démocratique du Congo, les pathologies chroniques et non transmissbles, notamment le cancer, sont une réalité mal connue pour laquelle, dans le contexte local, le traitement étiologique et les soins d’accompagnement sont inexistants. Il est donc impérieux d’introduire le concept des soins palliatifs dans nos populations, la formation des soignants et la restructuration du système de santé, pour soulager ces douleurs et cette souffrance.