Dr Pélagie Babakazo (Ecole de Santé Publique de Kinshasa/Faculté de Médecine/UNIKIN) a été admise parmi les académiciens. Sa thèse d’agrégation qui porté sur l’effet de la formation de prestataires sur la durée de l’allaitement maternel exclusif à Kinshasa, un essai randomisé en grappes a été défendue avec brio et simplicité ce mardi 26 avril 2016.
Auteur : BABAKAZO DIAMBALULA Pélagie
Département d’Epidémiologie et Bio-statistiques
Ecole de Santé Publique de l’Université de Kinshasa
Résumé
En dépit de nombreux avantages qu’offre l’allaitement maternel, en République Démocratique du Congo, la proportion d’enfants allaités de manière exclusive jusqu’à l’âge de six mois reste faible. L’un des facteurs important de l’arrêt précoce de l’allaitement maternel exclusif (AME) est l’insuffisance du soutien à l’allaitement reçu par les mères de la part des prestataires de soins. Ainsi, cette étude a été menée pour mesurer l’effet d’un programme de formation des prestataires de soins sur la durée de l’AME à Kinshasa.
Pour atteindre cet objectif, une étude expérimentale, plus précisément un essai randomisé par grappes a été menée à Kinshasa de Juillet 2012 à Août 2013. Au total 12 maternités ont été sélectionnées pour l’étude et reparties de manière aléatoire entre les deux groupes d’étude : groupe expérimental et groupe contrôle. Au sein des maternités du groupe expérimental, tous les prestataires de soins affectés aux services de consultation prénatale et de maternité ont été formés sur le cours de l’OMS et de l’Unicef relatif à l’Initiative des Hôpitaux Amis des Bébés : « the 20-Hour Course For Maternity Staff ».
Les 422 mères incluses dans l’étude, 205 dans le groupe contrôle et 217 dans le groupe expérimental, ont été recrutées à la première consultation prénatale et suivie jusqu’à six mois après l’accouchement. Elles ont été interviewées à la première consultation prénatale pour collecter les informations sur leurs caractéristiques socio démographiques, gynéco-obstétricales et psychosociales. Après l’accouchement, elles ont été recontactées à leurs domiciles au cours de la première semaine suivant l’accouchement, puis à 1, 2, 3, 4, 5 et 6 mois. Au cours de ces visites à domicile, elles ont été interviewées sur les pratiques hospitalières expérimentées à la maternité et sur le mode d’alimentation du bébé. L’enfant était considéré comme étant allaité de manière exclusive lorsqu’il ne recevait que le lait maternel sans apport d’autres aliments, même pas d’eau.
Cette étude a noté que la pratique de l’allaitement maternel était courante à Kinshasa, cependant son exclusivité pendant les six premier mois de vie était rare. En effet, au cours de cette étude, presque toutes les mères (99,8%) ont initié l’allaitement maternel. Cependant, moins d’un enfant sur vingt (3%) a été allaité de manière exclusive durant les six premiers mois de vie. Les mères ont administré de l’eau à leurs enfants avant l’âge de six mois parce qu’il faisait chaud (76%) ou que l’enfant pleurait beaucoup (21%). Par ailleurs, elles ont donné des aliments de complément avant l’âge de six mois pour les raisons suivantes : l’enfant ne se rassasiait pas ou pleurait beaucoup (80%) et la reprise du travail de la mère (10%).
Aucun des facteurs sociodémographiques ni gynéco-obstétricales de la mère n’était associé à la durée de l’AME. En ordre décroissant d’importance, les prédicteurs de l’arrêt de l’AME avant l’âge de six mois identifiés par cette étude étaient les suivants : ne pas avoir confiance en sa capacité d’allaiter, n’avoir rien planifié sur la durée pendant laquelle son bébé sera allaité de manière exclusive, avoir un faible niveau de connaissances sur l’allaitement maternel, avoir expérimenté moins de cinq conditions IHAB à la maternité, avoir rencontré des difficultés dans la conduite de l’allaitement maternel au cours de la première semaine suivant la naissance du bébé et avoir un bébé de sexe masculin.
S’agissant de l’effet de la formation des prestataires de soins, cette dernière a résulté en une prolongation de la durée de l’AME. Cette intervention a augmenté de quarante pourcent la chance d’être encore sous AME à l’âge de six mois.
Ces résultats suggèrent l’extension de cette formation aux autres maternités de la ville de Kinshasa en vue de l’amélioration de la couverture en AME dans notre milieu. Par ailleurs, les messages éducatifs à fournir aux mères devraient prendre en compte les raisons d’arrêt précoce de l’AME identifiées au cours de cette recherche.
Excellents resultats et me felicitations a l’ agregee.
Franco Mufinda, PhD, MSc.PH
Docteur en Sante Publique
Angola